Utøya - Une blonde en Norvège

« Utøya, 22 juillet »

D’Erik Poppe, au cinéma le 12 décembre en France

« Un 22 juillet »

De Paul Greengrass est mis en ligne sur Netflix.

Le film consiste un seul et unique plan séquence de 93 minutes se déroulant lors de l’intégralité de l’attaque sur l’île.

La caméra à l’épaule suit l’héroïne principale, Kaja, une adolescente qui, tout en essayant de survivre recherche sa petite sœur dont elle a perdu la trace dans le mouvement de panique. Les personnages qui apparaissent à l’écran sont fictifs, mais ont été imaginés à partir des témoignages de victimes qu’Erik Poppe a rencontrées. Le point de vue unique est un parti pris fort : il ne montre que ce que les adolescents ont pu voir. Résultat : il ne donne qu’une vision partielle des faits et montre surtout la confusion et l’incompréhension qui régnaient.
Le film retrace, en cent quarante-trois minutes l’avant, le pendant et l’après des attaques d’Oslo et Utoya.

Le scénario, inspiré du livre One of Us d’Åsne Seierstad, suit la trajectoire d’une victime (le jeune Viljiar, qui existe réellement), du terroriste Anders Breivik mais aussi de son avocat ou du Premier ministre norvégien de l’époque Jens Stoltenberg.
Comme on le voit dans le film, quelques heures après les attaques, ce dernier avait déclaré : « Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de vivre ensemble. » L’ensemble ressemble à une fiche Wikipédia, mais le spectateur a une vue d’ensemble de l’événement et de ses conséquences.

L’attaque

Le 22 juillet 2011, une bombe explose près du siège du gouvernement norvégien à Oslo. L’explosion tue huit personnes et fait quinze blessés. L’attaque sur l’île d’Utøya se produit environ deux heures plus tard, dans un camp de jeunes organisé par la Ligue des jeunes travaillistes, où sont réunis environ 500 personnes.
Un tireur armé déguisé en policier ouvre le feu sur les campeurs, tuant soixante-neuf personnes et en blessant trente-trois.
La police arrête Anders Behring Breivik, un militant d’extrème droite de 32 ans qui revendique les deux attentats. Au cours de l’interrogatoire et dans sa déclaration au tribunal d’Oslo, il dénonce les « marxistes culturels » qui laisseraient, selon lui, l’Europe être colonisée par l’islam.
Le 24 août 2012, À l’issue d’un procès où il multiplie les provocations, il est jugé responsable de ses actes et condamné à la peine indéterminée, soit 21 ans de prison avec un minimum de 10 ans de réclusion, la peine maximale en Norvège.

Les réalisateurs

 

Paul Greengrass  (« Un 22 juillet »)

Il a signé trois volets de la saga Jason Bourne. On lui doit aussi plusieurs films retraçant des faits réels tels que Bloody Sunday, sur la fusillade du 30 janvier 1972 dans la ville irlandaise de Derry, ou Vol 93 sur l’attitude héroïque des passagers d’un avion détourné lors des attentats du 11-Septembre.

Erik Poppe (« Utoya, 22 juillet »)

Il est l’un des réalisateurs les plus respectés de Norvège, par le public et la critique.
Né en 1960 à Oslo, Poppe a commencé sa carrière en tant que photographe de presse et a remporté de nombreux prix pour son travail. Après des études à la Stockholm Dramatiska Institutet, il est directeur de la photographie sur divers longs métrages avant de présenter en 1998 son premier film, SCHPAAA, sélectionné au Panorama de la Berlinale 1999.
Deuxième partie de sa trilogie « Oslo », HAWAII, OSLO remporte le prix Amanda 2005.
Clôturant la trilogie en 2008, EN EAUX TROUBLES reçoit le prix du public et le prix du meilleur film du Hamptons International Film Festival.
En 2017, son film KONGENS NEI (THE KING’S CHOICE) figure sur la liste des finalistes de l’Oscar dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère.
UTØYA, 22 JUILLET est présenté en compétition au Festival de Berlin en février 2018. Le film est nommé 8 fois aux Amanda Awards (équivalent des César norvégiens). Andrea Berntzen y remporte le prix de la meilleure actrice et Solveig Koløen Birkeland celui de la meilleure actrice dans un seconde rôle.
Erik Poppe est le seul réalisateur à avoir reçu le prix de la critique de cinéma norvégien à quatre reprises.
 

FILMOGRAPHIE

1998 SCHPAAA
2004 HAWAII, OSLO
2008 EN EAUX TROUBLES
2013 L’ÉPREUVE
2016 KONGENS NEI (THE KING’S CHOICE)
2018 UTØYA, 22 JUILLET

Les coulisses du film :

Le distributeur

 

 

Potemkine Films - Une blonde en Norvège
POTEMKINE FILMS :
 
Face aux contraintes liées à la projection des films au cinéma (concentration du parc de salles à Paris), l’indisponibilité de certains chefs d’oeuvre en DVD et une envie folle de faire découvrir des perles oubliées, ils ont décidé de sauter le pas de l’édition vidéo en 2007.  Ils se sont lancés dans l’aventure avec un seul objectif : proposer les meilleures éditions possibles de films qui transcendent l’imaginaire.
En 2008, POTEMKINE s’est associé avec agnès b. DVD (via la structure de production de la créatrice, Love Streams agnès b. Productions). Les deux sociétés éditent depuis lors leurs titres ensemble et sont devenues coéditeurs. La ligne éditoriale est simple : trouver des coups de coeur, les agrémenter d’explications, d’analyses, de courts métrages, les emballer avec amour puis les partager avec le public !

ENTRETIEN AVEC ERIK POPPE 

Pourquoi avez-vous décidé de porter le sujet très sensible du massacre d’Utøya à l’écran et pourquoi maintenant ?
En Norvège, il y a eu beaucoup de débats suite aux événements du 22 juillet 2011, dont des questions sur la reconstruction du bâtiment gouvernemental à Oslo qui a été détruit, sur le lieu où ériger le mémorial des victimes, mais aussi sur les prises de parole de l’auteur du massacre qui a utilisé de nombreuses occasions pour attirer l’attention des médias, en se plaignant de ses conditions carcérales, etc. L’accent mis par la médiatisation de sa propre situation a  provoqué progressivement une perte de vue du coeur de son crime. Il était essentiel pour moi de recentrer l’attention sur les victimes et leurs familles, sur ce qui s’est réellement passé et de souligner la bonne perspective sur le crime et les actes qui ont été commis afin de restituer la mémoire de ces événements aux vraies victimes. J’ai décidé alors de raconter l’histoire du point de vue des jeunes qui ont survécu.
Un autre aspect moteur pour moi est la montée du néofascisme qui a gagné des partisans à travers l’Europe ces dernières années. Je pense qu’il est très important de montrer que ce genre de massacre peut se reproduire.
Nous devons nous en rappeler pour nous y opposer. En tant que cinéaste, je dois aussi me poser cette question.
 
 
Avez-vous hésité à faire ce film ?
Compte tenu des frontières éthiques complexes inhérentes au projet, qu’avez-vous décidé de dire, ou plutôt qu’est-ce que vous avez décidé de ne pas dire ?
Bien sûr. J’ai passé plus d’un an et demi à enquêter seul, à rencontrer des survivants pour collecter leurs témoignages. J’ai rencontré aussi le responsable en chef de l’enquête de police, pour avoir accès au dossier et tenter de comprendre s’il était possible de transformer cette histoire en un film. J’étais sceptique quant à la possibilité même de le faire. Beaucoup de livres ont essayé de l’expliquer, mais les mots ne peuvent pas expliquer et montrer comme un film et des images le peuvent.
Pour moi, il était important de décrire l’histoire du point de vue des jeunes, des victimes et non du terroriste.
 
 
Pourquoi choisir la fiction et non le documentaire ?
Fondamentalement, le documentaire peut raconter une ou plusieurs histoires, mais la fiction, basée sur des recherches approfondies et des interviews (que j’ai faites avec plus de 20 jeunes) peut être plus véridique et raconter une histoire qui va parler à plus de gens.
 
 
Pourquoi avez-vous décidé de filmer ce qui est presque une reconstitution jouée, en une seule prise et en temps réel ?
L’idée était d’essayer de voir s’il serait possible de dépeindre les sentiments des jeunes présents, pour essayer de comprendre cette histoire et de la ressentir à partir d’un autre point de vue que celui qu’on a l’habitude de voir dans les films. J’espérais qu’après toutes les spéculations et les récits qui ont été faits sur la tuerie, nous pourrions rendre la propriété de leur histoire aux victimes du 22 juillet.
 
 
Avez-vous été inspiré par le film de Gus van Sant, Elephant, inspiré du massacre de Columbine?
Elephant intercale des séquences du tireur et celles des jeunes victimes.
Bien sûr, cela décrit un massacre similaire, mais je voulais suivre les jeunes, en particulier essayer de capter ces 72 minutes qu’ils ont vécues.
 
Comment avez-vous dirigé tous ces jeunes acteurs dans cette mise en scène aussi audacieuse ?
Tous les jeunes acteurs dans le film ne sont pas des acteurs professionnels.
Pour réaliser le projet, je devais les protéger entièrement de l’attention des médias. Avec les producteurs, nous sommes donc restés très discrets pendant le casting.
Ensuite, je leur ai demandé de discuter du projet avec leurs parents pour avoir leur soutien et je leur ai demandé de prendre le temps de réfléchir au sujet et à leurs rôles. Finalement, ils ont tous accepté de faire le film. C’est un groupe de jeunes étonnants et Andrea Berntzen a été incroyable, le film repose beaucoup sur ses épaules.
 
 
Avez-vous filmé sur l’île d’Utøya ?
Non, nous avons tourné dans une petite île voisine pour des raisons éthiques et afin que les gens ne s’identifient pas trop aux personnages.
Vous avez montré le film aux victimes et à leurs familles avant les projections publiques.
 
 
Comment ont-ils réagi ?
Nous avons organisé trois semaines de projections, en tout une vingtaine de séances partout dans le pays, pour les proches des victimes et pour les survivants. Pendant toute la préparation, nous avons travaillé très étroitement avec les survivants, dont la crainte principale était que ce film « commercialise » ce drame. Quand le film a été terminé, on m’a suggeré de proposer aux survivants de découvrir le film dans le cadre du lent processus de guérison, dans un environnement où seraient présentes des équipes de psychologues professionnels. Certains des jeunes survivants sont devenus des ambassadeurs du film, d’autres ont choisi de ne pas le voir, mais dans l’ensemble il y a eu une attitude positive à l’égard du film.
J’espère que le film pourra nous aider à mieux comprendre et montrer encore plus de compassion pour ceux qui étaient là.
 
 

Extrait de la conférence de presse du film au festival de Berlin 2018 

STEIN B. KVAE, producteur du film :

 
Sept ans sont passés. Ca peut paraître déjà loin dans nos esprits, mais pour ceux qui ont été directement touchés par cette tragédie (ou qui avaient des êtres chers sur cette île), c’est comme si c’était hier…
Il était important pour nous de montrer le film, avant même qu’il soit terminé, à ceux qui ont été les plus affectés, notamment aux jeunes qui étaient à Utøya.
Ceux qui le voulaient nous ont donné leurs retours durant la dernière phase de postproduction pour éventuellement faire des ajustements.
On tenait absolument à s’assurer que ces personnes soient respectées, y compris dans la communication sur le film.
 
 

ANDREA BERNTZEN, actrice du film :

Quand j’ai entendu parler du projet du film, j’ai d’abord été très sceptique car, comme tant d’autres Norvégiens, j’ai pensé que c’était prématuré.
À la lecture du scénario, j’ai compris que le film serait axé du point de vue des jeunes qui étaient sur l’île plutôt que de celui du terroriste. Ensuite, par le choix du réalisateur de tourner un plan séquence, sans musique, j’ai pensé que ce serait la juste approche pour raconter cette histoire et j’ai donc accepté de faire le film.
 
 
 

INGRID ENDRERUD, survivante de Utøya qui a participé au film :

Je pense que la raison d’être de cette démarche est de raconter une histoire qui est pour tant de gens indicible. Quand j’essaie d’expliquer ce que j’ai vécu, je ne peux l’exprimer qu’avec distance. Et c’est là où le film peut raconter une histoire d’une autre façon que l’écriture ou la parole.
C’est aussi préserver une part de l’Histoire de la Norvège. Et aussi pour finir, il s’agit de montrer à quoi l’extrême droite peut mener : la haine dans sa plus pure forme. Nous devons rester tous unis contre cela.

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