Qu'est-ce qu'un fixeur ?

Femmes et hommes de l’ombre. Un fixeur peut être à la fois l’assistant de production, l’interprète, le guide, le chauffeur et la nounou des grands reporters ou des équipes de tournages.

Depuis plus de 5 ans, j’ai la chance d’avoir parcouru la Norvège des fjords du sud ouest jusqu’au Cap Nord avec des équipes formidables pour des projets vraiment passionnants !
On me demande souvent :  « mais tu fais quoi en fait ? »
C’est vrai que ce métier est assez peu connu mais vital au bon déroulement des tournages à l’étranger.
Lorsqu’une production prévoit un tournage à l’étranger, c’est difficile de trouver les endroits et les personnages qui vont participer à l’émission sans être sur place.

 

Envoyer un journaliste français dans le pays en question alors qu’il ne connaît pas du tout ce pays n’aurai pas de sens et ferai perdre de l’argent à la production.

 

L’équipe de production va donc faire appel à quelqu’un qui est sur place qui parle la langue de la production et la langue du pays où va avoir lieu le tournage pour les aider à tout planifier.
Fixeur en Norvège - Anne-sophie Drouet

Fixeur pour les productions TV

Le travail de fixeur s’organise donc souvent en 2 temps : la préparation et le tournage.

 

 

Lors de la préparation, on aide la production et le réalisateur à trouver les lieux qui correspondent au thème du projet et on recherche les personnages qui vont intervenir soit en personnages principaux soit en intervenants ponctuels.

 

On fait donc appel à notre réseau, à notre carnet de contacts, c’est pour ça que les fixeurs sont souvent photographe, journaliste, cameraman, reporters ou JRI eux-mêmes.

 

Il faut bien connaître le pays car on oriente l’équipe pour aller vers certaines zones donc il faut savoir de quoi on parle.
C’est aussi un gros plus si on travaille en audiovisuel car on sait comment se passe un tournage et du coup on peut mieux assister l’équipe sans qu’ils aient à nous dire, là  je vais faire ci ou ça, on connaît donc on anticipe ! Au moment du tournage, on est un peu c’est vrai « homme/femme à tout faire » : on conduit pour que l’équipe technique puisse se reposer lors de longs trajets et être « frais et disponibles » lorsque l’on arrive sur le lieu de tournage.

 

On gère la logistique de l’équipe avec les plans de routes, plans de tournages et carnets de contacts des personnages à filmer. En Norvège le côté logistique est très important car avec le découpage très fort du pays à cause des fjords, glaciers et montagnes, quelque fois il faut 2h pour faire 30 km et prendre 2 ferry avec 1h d’attente entre chaque ferry ! Quelque fois il y a 9 ou 10h de route en montagne, il faut être très concentré et c’est assez fatiguant, si le lendemain on à une randonnée en cordée sur un glacier de 6h pour aller filmer, il faut bien gérer son énergie !

 

Surtout qu’être fixeur c’est aussi être assistant donc on porte beaucoup, on tient le matériel pendant que l’équipe filme et si il faut se déplacer, on aide à tout porter. Il faut donc être plutôt en bonne forme physique. On s’occupe également de la traduction entre l’équipe française et les locaux que l’on filme, donc traduire toutes les ITW en temps réel pour que le réal puisse avoir toutes les infos dont il a besoin. On s’occupe aussi de la logistique des hôtels et des lieux ou faire les pauses pour manger, on à les réservations, les plans, on gère vraiment toute la logistique.
On est avec l’équipe 24h/24h, 7j/7 pendant environ 3 semaines !
Il faut donc avoir un bon état d’esprit d’équipe et une grande faculté d’adaptation pour pourvoir bien s’entendre avec tout le monde et tous les caractères !
Une facette à laquelle on ne pense pas souvent, mais le travail de fixeur, c’est aussi de faire attention aux différences culturelles.
Un parisien ne se comporte pas comme un fermier qui vit isolé aux cœur des fjords, cela peut quelques fois poser des problèmes de compréhension culturelle et de respect.
C’est donc à nous de faire en sorte que tout se passe bien et que chacun soit satisfait du tournage ce qui n’est pas toujours facile et c’est assez fatiguant moralement.
 
Le côté « nounou » est très souvent appuyé car il est vrai que notre rôle est de prendre soin de l’équipe et des intervenants. Au fil de mes expériences, on m’a souvent remercié pour ce côté protecteur et « maman » ou « nounou » lors du tournage.

Il est vrai qu’être fixeur en Norvège est plus facile et agréable que de partir sur une zone de guerre et c’est aussi un autre aspect du travail de fixeur.

Fixeur pour les reporters de guerre

Les grands reporters ne pourraient pas couvrir les zones de guerre sans les fixeurs, qui les aident à se repérer sur le terrain.

Saeed, franco-iranien a été fixeur de journalistes français et américains en Afghanistan, en Irak et en Iran.  Benjamin Vincent, ancien grand reporter pour Europe 1 et C dans l’air, est aujourd’hui journaliste à Ouatch TV, la télé de l’innovation. Il décrivent la profession de fixeur, inconnue du grand public, au micro de Philippe Vandel dans Culture Médias
C’est un peu notre homme à tout faire et ce n’est pas péjoratif. Le rôle de traducteur est presque anecdotique. » Le reporter raconte sa relation de travail avec son ancien fixeur Mohammed : « On vit 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 ensemble. On vit plus ensemble qu’avec notre femme ! » Et Saeed de renchérir : « Je les hébergeais même chez moi à Téhéran ! »
Tous deux insistent sur l’importance du travail d’équipe. « On avait des journées de dingue, se remémore Benjamin Vincent. On est tellement fatigués de ce qu’on vit que c’est bien d’avoir quelqu’un à qui on peut faire écouter un son. C’est super important. »

 

 

« Le danger est invisible et permanent »

 

 

Par sa connaissance du terrain, le fixeur permet aussi au journaliste étranger d’éviter des situations d’insécurité. Benjamin se remémore les routes défoncées et risques de balles perdues à son arrivée en Irak, en 2003. « Il n’y avait plus de police, plus de justices, plus d’hôpitaux. Tout le monde se baladait avec une arme dans la rue, pillait les immeubles et chacun faisait ce qu’il voulait. » 
Dans ses conditions, sa coopération avec Mohammed était précieuse. « On était soumis au couvre-feu des Américains, se rappelle Benjamin Vincent. Il maîtrisait bien les distances et me disait : ‘Maintenant il faut partir’. »

 

Source : Europe 1
Le rôle d’un fixeur est essentiel quand on arrive dans un pays et dans ce contexte de guerre. Le danger est à la fois invisible et permanent, on est toujours sur le qui-vive.

Benjamin Vincent

Journaliste / Grand reporter

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Une blonde en Norvège
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