Tu as eu un enfant en France et un enfant en Norvège. Peux-tu nous parler de la différence du congé paternité.. plus précisément du congé parental?
Pour mon premier enfant né à Paris, j’ai eu 11 jours de congé paternité puis ma femme s’en est occupée tandis que je retournais au travail. Le terme de congé paternité est presque galvaudé. J’ai juste tenté d’aider ma femme le mieux que je pouvais pendant cette période. Pour ma deuxième, j’ai 5 mois indemnisé à 100%. Plus exactement, ma femme et moi nous sommes partagés 10 mois de congés parentaux. Outre la longueur, le caractère « alterné » du congé parental en Norvège qui interdit au père et à la mère de le prendre en même temps m’a marqué. Je prends le relais de ma femme et m’occupe de mon bébé seul à la maison. Cela impacte le quotidien : partage des taches, relation avec les enfants….
La première différence est culturelle. Les Norvégiens, père comme mère, ont un culte de l’adoration du bébé, ils aiment s’en occuper. Tandis qu’en France, on confie plus facilement sa garde à une nounou pour vaquer à ses occupations. J’aime appeler ça la dictature norvégienne du bonheur qui veut qu’ici, « on fait des bébés pour s’en occuper ». La seconde différence est que, comme 70% des pères prennent 3 mois de congé minimum, il y a un « marché » du congé parental avec beaucoup d’entreprises et d’associations qui offrent des services et proposent des activités. Pas le temps de s’ennuyer.
Là c’est ta vision des choses mais qu’en pense ta femme ? Combien de temps a-t-elle pris de congé maternité ?
Ma femme est norvégienne. Elle est plutôt égalitariste et voulait une répartition équitable de notre congé parental. Elle avait aussi hâte de retourner travailler donc elle m’a poussé à partager le congé parental en deux. Il y a eu une période d’adaptation où il a fallu que je communique mieux le rythme de ma fille et que ma femme lâche prise sur les décisions de son quotidien. Au début elle me demandait : « Tu vas faire quoi aujourd’hui avec elle? » , « elle à mangé quoi aujourd’hui`? » et en fin de congé elle me posait moins ces questions. Pour le ménage, je le fais plus, mais jamais assez bien!
Moi je me plais à dire que la vie est douce en Norvège qu’est-ce que tu en penses ?
La Norvège est reposante, calme. Je trouve Oslo très verte, adaptée pour les familles avec enfants, peu de voitures, de plus en plus de vélos électriques. Surtout, le rythme est un bol d’oxygène. Mes journées de travail se finissent à 16h30 et permettent de profiter de ses enfants ou d’avoir un hobby par semaine sans être sur les rotules.
Je ne sais pas à quelle saison est né ton enfant mais par rapport au climat, est-ce qu’il y a des différences de comportement des parents en Norvège par rapport à la France ?
La différence majeure pour moi, c’est qu’ici je dois mettre vingt minutes pour habiller mes enfants, entre gants, bonnets, écharpes, collants, premier pull, deuxième pull, bottes de pluie, bottes de neige. C’est une logistique! En France, je trouve cela plus facile.
Pour les promenades en poussette dehors lorsqu’il fait froid, comment habiller son enfant pour ne pas qu’il ait froid ni trop chaud ?
Ma fille dort dans une peau de laine qui fait toujours rire mes amis quand ils viennent. Et elle dort sur notre balcon dans sa poussette jusqu’à moins 7 degrés. Les bébés dorment mieux dehors. Cela à toujours estomaqué ma mère.
Concernant ton premier enfant qui est né en France comment s’est passée l’adaptation en Norvège au niveau social et scolaire ?
L’adaptation a été simple, il n’a pas eu le temps d’être vraiment habitué au modèle français.
Ta femme est norvégienne et tu es français peux-tu nous parler de l’importance de parler la langue d’apprendre le norvégien pour s’intégrer pour travailler.
Il est très simple d’habiter à Oslo sans parler le Norvégien mais forcément, l’on perd une partie de l’intégration culturelle. J’ai très vite été motivé pour apprendre car je savais que mes enfants allaient parler le norvégien en langue forte, et que par conséquent je ne pouvais pas me couper d’eux de cette manière. On parle français à la maison mais en situation sociale, on vire au norvégien.
Est-ce que tu penses que les norvégiens sont froids et distants ?
C’est un cliché mais oui. Ils manquent surtout de spontanéité. Dans un pays où il fait froid, on sort moins de chez soi. Surtout, quand on sort, on va d un point A à un point B, c’est planifié. L’idée de errer et de se balader, de voir où les pieds nous mènent est pas très répandue. Je pense qu’elle impacte les caractères.
Que penses-tu de la Norvège en général et de ta vie ici ?
La Norvège est de manière générale en avance sur le reste du monde. Je la trouve moderne. Je dis toujours que ce qui existe ici arrivera dans 20 ans en France. La digitalisation des titres de transport par exemple, les péages sans barrière, la quasi fin de l’utilisation des pièces et billets, l’explosion des voitures électriques. J’adore ma vie mais la France, avec ses imprévus et ses débats enflammés, me manquent souvent.